Les intentions de recrutement continuent à baisser selon le baromètre APEC (3e trimestre 2025)

27 août 2025 Actualités

Le regain de confiance des entreprises n’est pas suffisant pour enrayer la baisse des intentions de recrutement de cadres, qui touchent un point bas.
La confiance des entreprises quant à leur niveau d’activité se restaure en grande partie ce trimestre (71 % contre 61 % en décembre 2024), avec notamment une meilleure visibilité sur leur carnet de commandes (63 %, +4 pts). 
Pour autant, des facteurs d’incertitude perdurent et pèsent sur leurs intentions de recrutement, qui atteignent le point le plus bas (8 %) depuis 2021. La prudence est particulièrement marquée dans les grandes structures et se traduit par une forte contraction de leurs intentions d’embauches qui se confirme de trimestre en trimestre (45 %, -13 pts sur un an). 

Inquiets pour leurs perspectives professionnelles, les cadres sont de plus en plus nombreux à envisager une mobilité externe malgré un rapport de force moins favorable aux candidats 

L’atonie de l’économie française et son caractère instable inquiètent les cadres : seuls 23 % d’entre eux gardent confiance dans la situation économique du pays (-8 pts sur un an). 

Cette confiance entamée pousse certains cadres à prendre les devants et à envisager un changement d’entreprise au cours des trois prochains mois (15 %, +2 pts sur un an). 

Les cadres ont toutefois conscience que retrouver un poste équivalent sera plus difficile (57 %, +6 pts sur un an), compte tenu d’un rapport de force qui leur est désormais moins favorable. 

Quelles sont les perspectives  de recrutements de cadres au 3e trimestre 2025 ?

Les moteurs de croissance restent grippés. En effet, l’investissement des entreprises s’inscrit de nouveau en retrait (-0,4 % au 2e trimestre et -1 % en 2025) et les dépenses de consommation peinent à prendre le relais (+0,1 % au 2e trimestre et +0,7 % sur l’ensemble de l’année 2025) avec des ménages privilégiant une épargne de précaution. De son côté, le commerce extérieur contribue de nouveau négativement à la croissance. Cette dernière reste fragile et soumise à de nombreux aléas : l’issue incertaine des négociations sur les droits de douanes, les tensions extrêmes au Proche-Orient, le plan de redressement des comptes publics…. 

En dépit d’un contexte économique toujours fragilisé, la confiance des entreprises s’est quelque peu restaurée ce trimestre. Elles sont ainsi plus nombreuses qu’en fin d’année dernière à pouvoir anticiper leur niveau d’activité (63 %, contre 59 % à fin décembre), même si cela reste légèrement en retrait du niveau observé en juin 2024 (65 %). Cette meilleure visibilité pour les entreprises s’accompagne également d’un regain de confiance quant à l’évolution de leur carnet de commande. 71 % des entreprises sont à présent confiantes à ce sujet, soit 10 points de plus qu’en décembre 2024

Le regain de confiance exprimé par les entreprises n’est toutefois pas de nature à lever les hypothèques qui pèsent sur les recrutements de cadres. Le climat des affaires est stable mais reste dégradé et très en-deçà de sa moyenne de longue période selon l’Insee2 . Surtout, les facteurs d’incertitude continuent de peser sur les décisions d’investissement qui s’inscrivent en retrait et influent sur la propension à recruter des cadres. Dans ce contexte, la prudence reste de mise avec des entreprises qui devraient de nouveau réduire la voilure en matière de recrutements : 8 % d’entre elles envisagent d’embaucher un cadre au cours du 3e trimestre 2025, soit l’étiage le plus bas enregistré ces dernières années. Cette contraction des intentions est particulièrement marquée dans les ETI-grandes entreprises (45 %, -13 pts sur un an). Dans le détail des secteurs d’activités, toutes tailles d’entreprises confondues, c’est dans l’industrie que les intentions de recrutement reculent le plus (9 %, -3 pts sur un an), alors que les services à forte valeur ajoutée retrouvent quelques couleurs (14 %, +2 pts), tout en restant bien loin du niveau de septembre 2024 (18 %). 

Les difficultés de recrutement attendues s’estompent un peu

Le retournement du marché de l’emploi cadre observé en 2024 (baisse de 8 % du volume de recrutements de cadres) s’est accompagné d’une moindre tension sur les recrutements qui se poursuit 

en 2025. Ainsi, la proportion d’entreprises anticipant des difficultés d’embauche de cadres au prochain trimestre s’établit à 65 %, en chute de 17 points sur un an, pour atteindre le niveau le plus bas enregistré en 4 ans. Progressivement, la concurrence entre recruteurs se fait moins forte et les cadres sont par ailleurs moins souvent sollicités par les cabinets de recrutement (29 % ce trimestre vs 31 % il y a un an). 

Des cadres inquiets mais mobiles

Du côté des cadres, l’inquiétude est palpable. Seuls 23 % font confiance à la situation économique du pays, un recul de 8 points sur un an. Leur confiance dans la sécurité de l’emploi (72 %) et leurs perspectives professionnelles (57 %) s’effrite également. Cette morosité pousse certains à envisager un changement : 15 % projettent de quitter leur entreprise dans les trois mois à venir (+2 pts), malgré la conscience que retrouver un poste équivalent sera plus difficile (57 %, +6 pts).

Les intentions de mobilité progressent, notamment chez les 35-54 ans, qui atteignent un niveau record (16 %, +5 pts). Les moins de 35 ans restent stables à 20 %, tandis que les seniors demeurent plus prudents. Cette montée des velléités de départ, dans un marché moins favorable aux candidats, pourrait accentuer la tension entre aspirations individuelles et réalités économiques.

Vers un rééquilibrage du rapport de force

Ce troisième trimestre 2025 confirme une tendance amorcée en 2024 : le rapport de force sur le marché de l’emploi cadre se rééquilibre en faveur des entreprises. Si la confiance patronale se redresse, elle ne se traduit pas encore par une reprise des recrutements. Les cadres, eux, oscillent entre inquiétude et volonté de changement. Le quatrième trimestre sera décisif pour savoir si cette confiance renaissante pourra inverser la courbe des embauches.

(Cette étude repose sur deux enquêtes menées du 2 au 17 juin 2025 : une enquête en ligne auprès d’un échantillon de 2 000 cadres et une enquête téléphonique auprès d’un échantillon de 1 000 entreprises)