IA et recrutement  

24 novembre 2025 Actualités

Intelligence artificielle, exigence de transparence et arrivée massive de la génération Z redessinent en profondeur les pratiques des recruteurs et les attentes des candidats.
C’est ce que révèle la 16e édition de l’enquête annuelle Hellowork, menée auprès de 2 247 candidats et 489 recruteurs en 2025.

L’IA générative double son usage chez les recruteurs
Près de 4 recruteurs sur 5, soit 78% d’entre eux, utilisent désormais l’IA générative dans le cadre de leur métier. Ce taux représente presque le double de celui observé il y a un an, où seulement 39% des professionnels y avaient recours. Parmi ces utilisateurs, 24% déclarent l’utiliser intensivement, tandis que 54% l’intègrent ponctuellement dans leurs pratiques quotidiennes.

Sans surprise, la Gen Z porte cette adoption technologique. 32% des recruteurs issus de cette tranche d’âge utilisent beaucoup l’IA générative au quotidien, contre 24% pour l’ensemble des répondants. L’IA s’est rapidement imposée comme un assistant rédactionnel précieux : 75% des utilisateurs s’en servent pour la rédaction d’offres d’emploi, 53% pour préparer des publications sur les réseaux sociaux, et 44% pour écrire des messages aux candidats.

Au-delà de ces usages opérationnels, l’IA transforme la vision même de la fonction RH. 62% des recruteurs estiment qu’elle jouera un rôle important dans l’avenir de leur métier, un chiffre en nette progression de 17 points sur un an. Cette conviction s’accompagne de gains de temps considérables sur les tâches chronophages, permettant aux professionnels de se recentrer sur leur cœur de métier : l’évaluation et la relation humaine.

Les candidats s’emparent progressivement de l’IA
Du côté des candidats, l’adoption est moins massive : un candidat sur deux utilise désormais l’IA générative dans sa recherche d’emploi, soit une hausse de 7 points en un an. Ici encore, la génération Z montre la voie avec 63% d’utilisateurs, dont 26% qui l’utilisent de manière intensive.

Les cas d’usage privilégiés par les candidats diffèrent de ceux des recruteurs. 73% s’en servent pour rédiger leurs lettres de motivation, 47% pour se préparer aux entretiens, et 37% pour réaliser leurs CV. Cette utilisation massive de l’IA pour la rédaction des lettres de motivation interroge d’ailleurs les recruteurs : ils ne sont plus qu’un sur cinq à accorder du crédit à cet exercice, dont l’avenir apparaît de plus en plus incertain.

La transparence salariale, nouveau levier de performance
À moins de six mois de l’entrée en vigueur de la directive européenne sur la transparence des rémunérations en juin 2026, l’affichage du salaire dans les offres d’emploi progresse sensiblement. Plus de 2 recruteurs sur 3 indiquent désormais systématiquement le salaire dans leurs annonces (67%), contre 60% en 2024. Cette évolution ne répond pas qu’à une obligation légale future : elle constitue un véritable levier d’efficacité selon 88% des recruteurs interrogés. En effet, 47% estiment que l’affichage du salaire facilite beaucoup le recrutement. Cette conviction s’appuie sur un constat sans appel du côté des candidats : 51% d’entre eux ne postulent pas ou sont moins susceptibles de postuler lorsque le salaire n’est pas indiqué.

Sur la plateforme Hellowork, 88% des offres affichent déjà une information salariale, qu’il s’agisse d’un salaire réel communiqué par le recruteur ou d’une estimation. Ces chiffres montrent que la transparence salariale n’est plus un simple « nice to have » mais bien un facteur de performance du recrutement.

La génération Z redéfinit les codes du recrutement
L’arrivée massive de la Gen Z sur le marché du travail transforme les pratiques de recrutement. D’ici fin 2025, elle représentera 25 % de la population active et 82 % des recruteurs la jugent plus exigeante que les précédentes, ce qui les pousse à adapter leurs pratiques RH et managériales.. 

Cette évolution se manifeste d’abord dans leur rapport à la carrière : 27 % visent un poste de 1 à 2 ans, et 35 % ne se projettent pas au-delà de deux ans (contre 18 % pour l’ensemble des candidats). 

Ce désir d’évolution rapide influence directement leurs priorités au moment de choisir un employeur. Pour eux, les éléments qui pèsent le plus sont le salaire (74 %), l’ambiance de travail (69 %) et l’intérêt des missions (61 %). Leur sensibilité sociétale est affirmée : 78 % attachent de l’importance à l’engagement environnemental. Leurs attentes en matière d’avantages sont également très fortes : 83 % privilégient un 13e mois ou une participation, suivis par le nombre de RTT et congés (76 %). 

Ces spécificités alimentent des défis bien identifiés par les recruteurs : convaincre ces jeunes du projet de l’entreprise (53 %), répondre à leurs attentes salariales (52 %), offrir davantage de transparence (50 %) et accompagner leurs ambitions d’évolution (43 %). Une mutation durable du marché du travail s’esquisse, invitant les entreprises à repenser leur proposition de valeur pour attirer et fidéliser cette nouvelle génération.

François Leverger, CEO de Hellowork, conclut avec cette vision prospective : « L’intelligence artificielle s’impose dans le quotidien des recruteurs, la transparence devient la norme, et la relation candidat–entreprise se réinvente sous l’effet de la technologie et des attentes sociétales. Ces évolutions dessinent un marché de l’emploi plus exigeant d’autant plus que sur le moyen et le long terme, la pénurie de main d’œuvre est partie pour s’installer. L’IA permettra peut-être de compenser, au moins en partie ou dans certains secteurs, ce besoin en main d’œuvre. À court terme, la conjoncture économique et le climat géopolitique ajoutent de l’incertitude dans laquelle il faudra apprendre à naviguer »