Augmentation sans précédents des recrutements dans le secteur de la défense
Un volume inédit de recrutements dans le secteur de la défense…et pourtant, 20 % des candidats refusent d’y travailler.
Alors que les tensions géopolitiques redessinent les priorités stratégiques de l’Europe, le secteur de la défense connaît une dynamique sans précédent. Entre 2021 et 2024, les dépenses de l’Union Européenne dans le domaine de la défense ont enregistré une augmentation significative de plus de 30 %, selon les données de l’Agence européenne de défense. Cette hausse a mécaniquement entraîné une demande accrue en main-d’œuvre et la France se positionne comme l’un des pays européens les plus actifs en matière d’embauches dans le secteur.
Quels sont les profils actuellement les plus recherchés ? Quels défis le secteur doit-il relever pour attirer les candidats ? PageGroup publie un rapport sur les principaux enjeux du recrutement dans le secteur de la défense.
« Le marché du recrutement dans la défense est aujourd’hui aussi tendu que celui de la pharma en sortie de crise Covid. On assiste à un véritable déséquilibre entre une forte demande des entreprises et un vivier de talents extrêmement restreint. Les meilleurs profils techniques (ingénieurs systèmes, experts cybersécurité, spécialistes en électronique embarquée) sont sollicités de toutes parts, et choisissent leurs employeurs. Les candidats restent très exigeants, notamment sur les conditions de travail, le sens des missions et la flexibilité, tandis que les entreprises, elles sont devenues encore plus sélectives sur les compétences clés et les habilitations », souligne Caroline Bernadat, Senior Director chez Page Personnel.
Trois enjeux majeurs pour la filière
– Un volume inédit de recrutements lié à l’augmentation des commandes, la modernisation des équipements et le renforcement de la cybersécurité.
– Un besoin accru en compétences spécifiques, alors que l’appareil de formation ne couvre que la moitié des besoins et que certains profils doivent impérativement être français, habilités et hautement qualifiés.
– Un défi d’attractivité, le secteur étant encore perçu comme élitiste ou clivant, loin des aspirations de jeunes diplômés en quête de sens
Des profils recherchés et des salaires attractifs
En France comme dans le reste de l’Union européenne, les carnets de commandes sont pleins et les recrutements s’accélèrent à un rythme soutenu. Avec neuf grands acteurs industriels et près de 4 000 PME, dont 1 000 stratégiques, la France est à la pointe en Europe. Le secteur génère environ 30 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel et représente un vivier d’emplois en constante expansion.
Voici un aperçu des fonctions les plus recherchées avec les fourchettes de salaires correspondantes :
- Ingénieur cybersécurité (allant de 45k€ à 80k€ brut par an selon le niveau d’expérience)
Ingénieur systèmes embarqués (35k€ à 75k€) - Ingénieur data (45k€ à 75k€)
- Technicien de maintenance (28k€ à 50k€)
- Ingénieur en IA (45k€ à 90k€)
Les expertises les plus convoitées par les acteurs de la défense vont de la cybersécurité à la maintenance en passant par l’IA et l’électrotechnique.
Une tension persistante sur les profils techniques
84% des ingénieurs nous ont déclarés suivre plusieurs processus de recrutement en simultané
64% des ingénieurs et techniciens déclarent être sollicités au moins une fois par mois par un recruteur
Une filière d’avenir en quête d’attractivité et de mixité
Lorsqu’ils envisagent leur orientation professionnelle, les jeunes diplômés privilégient les secteurs industriels de l’énergie, l’aéronautique, la pharmaceutique/cosmétique ou encore de l’agroalimentaire ; un choix particulièrement marqué chez les profils féminins. Ce phénomène réduit d’autant le vivier de candidats potentiels pour le secteur de la défense.
Lorsque l’on interroge les candidats sur les facteurs susceptibles de les attirer vers le secteur de la défense, un sur cinq affirme qu’aucun argument ne pourrait le convaincre d’y travailler. Parmi les autres :
- 47% seraient motivés par la rémunération et les avantages proposés,
- 20% par les innovations et les projets développés dans la filière,
- 13% pour les perspectives de carrière offertes.
« Il y a peu de turnover chez les grands acteurs, qui offrent des conditions de travail et des avantages exceptionnels. Intégrer un sous-traitant ouvre également des passerelles vers de plus grosses structures. Avoir travaillé dans la défense est une véritable plus-value sur le marché de l’emploi, car ces profils sont très recherchés », ajoute Caroline Bernadat.