L’étude «  Route to the Top (7e édition) »compare les profils et parcours des nouveaux PDG des groupes cotés entrés en fonction, entre juillet 2019 à juillet 2020.

12 décembre 2020 Actualités

Dans cette étude Heidrick & Struggles analyse les entreprises qui ont été déstabilisées par la crise sanitaire mondiale.

Le cabinet de chasseurs de têtes américain analyse plus spécifiquement les facteurs entrant dans le processus de recrutement de nouveaux CEO depuis le début de la pandémie de Covid-19. 

Chris Kempczinski chez Mc Donald’s, Arvind Krishna chez IBM, Elie Girard chez Atos, Laurent Favre chez Plastic Omnium, Luca de Meo chez Renault. Tous sont des CEO nommés entre juillet 2019 et juillet 2020. Cette enquête qualitative menée auprès d’un panel de 956 dirigeants de sociétés cotées dans 21 pays, pour analyser plus finement leur parcours antérieur, ainsi que – depuis le début de la pandémie de Covid-19 – l’évolution des facteurs entrant dans le processus de recrutement de nouveaux PDG. L’étude s’appuie, par ailleurs, sur dix entretiens menés auprès de dirigeants internationaux afin d’aborder leur perception de la fonction dans le contexte de crise économique et sanitaire. Le chasseur de têtes Heidrick & Struggles en tire 4 enseignements majeurs.

1. Plus de séniorité, davantage de recrutements externes

Les profils des dirigeants recrutés, à partir du printemps 2020 sont caractérisés par plus de séniorité mais aussi par moins de diversité. Pour faire face à l’instabilité et aux défis associés à la pandémie, les entreprises ont fait le choix de la prudence, retenant le critère de l’expérience dans le choix de leur nouveau PDG. Ainsi, 63% des PDG nommés après le 11 mars 2020 ont eu une expérience préalable de direction et de gestion de crise (44% fin 2019).  Le phénomène se traduit aussi par une forte hausse des nominations externes de PDG, passant entre octobre 2019 et mars 2020, de 35 % à 47 %.

2. La diversité en chute libre

La rareté des femmes dirigeantes nommées à la tête d’entreprises jusqu’à récemment ne laissant que peu de choix de candidates expérimentées, leur proportion parmi les nouveaux entrants est ainsi passée de 12% fin 2019 à 3% en mars 2020. Cette tendance devrait toutefois à nouveau s’inverser dans les prochaines années. « Cette chute de la diversité et le pari de recruter des profils seniors ayant déjà une expérience de PDG est un choix fait par des entreprises qui font face à des mouvements brutaux et qui doivent donc prendre des décisions rapides et radicales. La moindre diversité observée parmi les nouveaux PDG en 2020 correspond à une situation conjoncturelle et il y a fort à parier que nous retrouvions la situation qui prévalait avant la pandémie, en 202 », précise Hervé Borensztejn, partner en charge des activités d’Heidrick Consulting en France.

3. Des parcours riches, variées et «soft skills»

Les nouveaux PDG nommés depuis le printemps ont eu des trajectoires très variées, ayant acquis diverses expériences et des qualités (soft skills) dépassant de simples compétences techniques. Près de 117 combinaisons uniques de postes ont ainsi été observées sur l’ensemble des parcours analysés dans l’étude. C’est surtout le cas pour les dirigeants promus en interne qui ont souvent eu des expériences plus diversifiées et qui sont passés par plusieurs postes, notamment à la tête de divisions (18 %) ou de directions fonctionnelles, à l’instar des directeurs des opérations ou COO (15%) ou des directeurs financiers ou DAF (12 %). « Les carrières pour arriver au poste de CEO sont de plus en plus variées et cette tendance se renforce encore, même si quatre routes principales constituent encore les voies d’excellence pour y parvenir. La plupart des CEO ont d’abord été CFO, COO, patron d’une division de l’entreprise ou alors ce sont des dirigeants recrutés à l’extérieur. Cela dit, on observe qu’au-delà de ces quatre trajectoires, il y a encore de la place pour les personnes qui disposent des bonnes compétences, d’une vision pour l’entreprise et d’un réseau solide », explique le consultant.

4. Des profils prêts à affronter la complexité et avec un fort leadership

L’une des principales priorités mise en exergue par les dirigeants interrogés est la meilleure intégration, dans les équipes, de profils et de compétences diversifiées. Dans cette perspective, les PDG souhaitent renforcer la part de femmes et de personnes issues des minorités à tous les niveaux de l’entreprise, en privilégiant une perspective intergénérationnelle. De même, ils ambitionnent d’arriver à une meilleure représentativité des compétences intersectorielles, dans un contexte où les différentes industries cherchent à se réinventer pour se relancer dans une économie meurtrie. C’est particulièrement le cas dans les services financiers où 27 % des nouveaux PDG ont une expérience dans un autre secteur, mais également dans l’industrie (23 %) ou la grande consommation (18 %).

Durant les prochaines années qui s’annoncent compliquées, les dirigeants devront renforcer l’innovation et la diversité au sein même des entreprises en faisant preuve de leadership et d’écoute. Les entretiens qualitatifs menés au cours de l’étude montrent qu’ils sont conscients de ces enjeux. « Quand tout devient instable, le fait de pouvoir s’appuyer sur une identité culturelle forte et sur un leader capable d’imposer une vision pour l’avenir, fondée sur des valeurs positives, permet d’avoir un meilleur engagement de la part des salariés. Plus le futur est incertain et l’on navigue sur des eaux complexes, plus le fait d’avoir un chemin tracé dans la durée et une capacité à donner du sens et à motiver les collaborateurs au-delà des difficultés du quotidien est la marque des grands leaders », conclut Hervé Borensztejn. 

Méthodologie :

L’étude se fonde sur l’analyse du parcours de 965 PDG de sociétés cotées, combinée à des entretiens qualitatifs avec 10 PDG d’entreprises internationales pour aborder le profil type du PDG en 2020 et ses chantiers prioritaires de gouvernance.

Parmi les PDG interrogés : Guillaume Boutin (Proximus Group), Dr. Johannes Bussmann (Lufthansa Technik), Eamonn Crowley (Permanent TSB Group Holdings), Penny James (Direct Line Group), Chris Kempczinski (McDonalds), Jerry Liu (Cargill China), Stephen McCann (Lendlease), Tony Narvaez (AusNet Services), James Riley (Mandarin Oriental), Jean-Christophe Tellier (UCB SA).