LES MUTATIONS DES METIERS
DES SYSTEMES D’INFORMATION,
QUELLES CONSEQUENCES POUR
LES ENTREPRISES ET LES CANDIDATS ?
Par Philippe ARSAC, Président d’EuroWin Consulting Group
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Cabinet de recrutement par approche directe spécialiste des métiers des Systèmes d'Information, du Digital, de l’Organisation et de l’Assistance à Maîtrise d’Ouvrage. EuroWin est expert dans le recrutement de tous les postes et des interactions avec le contexte métier, dans l'accompagnement des mutations (évaluations, veille, coaching), en particulier dans un contexte international.
Depuis
la création d'EuroWin Consulting Group au début des années 90 où le milieu informatique
raisonnait beaucoup technique, le fonctionnel métier a pris progressivement une
place centrale. L'informatique est devenue de plus en plus stratégique,
omniprésente au quotidien, bien que parfois menacée par les utilisateurs dans
sa légitimité. Dans les années 1975-1985, ceux-ci n'avaient pas idée des temps de réalisation et de la complexité
des projets ; la Direction Informatique était maîtresse. Tandis que durant
la période 1985-1995, les
utilisateurs reprenaient de l'autonomie, notamment à travers les infocentres et
la micro-informatique, l’informatique était démystifiée. C’est avec la
puissance des ERP depuis 1995, que la partie applicative est devenue moins
technique, que l’accent a été mis dans les processus métiers et que la notion
de Système d'Information est apparue. Tandis qu’entre 1995 et 2000, les Directions des Systèmes
d'Information furent à leur tour tributaires des éditeurs, des cabinets de
conseil et des SSII, depuis 2001 la donne est tout autre. Volonté de la
maîtrise des coûts, industrialisation, généralisation des forfaits,
amplification de l'externalisation avec des contrats de services et de l’outsourcing.
Dans ces systèmes devenus de plus en plus tentaculaires, omniprésents et
finalement encore plus complexes, l’interopérabilité est devenue nécessaire, non
seulement en termes de systèmes mais en termes d’accès aux données. Les
activités à déclencher (dépannage, action commerciale, sécurité, livraison,
facturation etc.) en fonction d’informations reçues au sein même d’une chaîne
de valeur ou de pôles de compétitivité sont devenues un réel enjeu et la
qualité de chaque information en soi un avantage compétitif. La généralisation
de l’Internet, de la mobilité, l’explosion des données client et le cloud sont
autant de révolutions. L’internet arrivé comme un gadget, bouleverse les
habitudes de consommation, de l’organisation de l’information et les structures
de toutes les entreprises privées ou publiques. Les organigrammes changent au
sein des DSI, pour prendre en compte les questions de décentralisations ou de
gouvernance et l’amélioration des liaisons avec les métiers.
La
position du Directeur des Systèmes d’Information lui-même au sein de
l’entreprise a changé. Traditionnellement le Directeur Informatique ou le
Responsable Informatique dépendant du Directeur Administratif et Financier
était souvent considéré (et le reste parfois encore) à la tête d’un centre de
coût. Le Directeur des Systèmes d'Information lui, occupe une place stratégique
et crée de la valeur. S’il englobe l'organisation et qu’il opère au niveau de
la Direction Générale, il a toute sa place au Comité de Direction. Il a suivi les évolutions des autres
postes de management, de plus en plus animateur, expert amenant des compétences
SI, leader sachant faire travailler ensemble des équipes pluridisciplinaires.
Bien souvent, il doit crédibiliser la DSI auprès des différentes directions.
Les réseaux sociaux d’entreprises sont un moyen efficace de diffusion des
nouvelles et des compétences de l’entreprise. Ils permettent à la DSI, souvent
sous forme d’intranet de communiquer ses activités au reste de l’entreprise, c’est
la communication et le marketing de la DSI.
Le
phénomène d’externalisation fait partie des mutations importantes des dernières
années. L’entreprise cherche à se concentrer de plus en plus sur son cœur de
métier, la maîtrise des technologies vise à contribuer à moindre coût à la
valeur ajoutée des processus métiers. L’entreprise n’a pas vocation à développer
un laboratoire technologique dans un domaine qui n’est pas son cœur de métier.
Cette orientation a conduit à la rationalisation de la production informatique
au sein de groupes multipolaires, à la mise en cohérence des systèmes et des
applications (notamment pour diminuer le nombre des ERP), au rassemblement ou à
l’externalisation de centres de production, véritables ressources partagées des
différentes entités (Data Center). On a vu apparaître des centres de compétences
européens ou mondiaux et se développer des zones géographiques où le coût de la
main d’œuvre étaient plus favorable. La Chine et l'Inde sont les exemples bien
connus de croissances spectaculaires. Le marché IT en Inde est passé de vingt-milliards
de dollars en 1984, à un marché estimé à cent-soixante-milliards de dollars en
2017. Un rattrapage considérable a eu lieu à tous les niveaux, et l’aulne de l’externalisation des
prestations des 5 plus grosses SSII indiennes : Tata Consultancy Services,
Infosys, Cognizant, Wipro et HCL Technologies, est un indicateur qui en
témoigne. Le cloud peut être vu comme une externalisation ultime, entrainant
des transferts de postes et la création de nouveaux métiers (cf. nos articles
sur le sujet).
Les
énormes croissances IT/Télécoms chinoises ou indiennes de naguère (40%, il y a 8
ans en arrière), sont en moyenne aujourd’hui de 13% en Inde et 5% en
Chine. La hausse des salaires amène progressivement une convergence de ces pays,
devenus entre temps des concurrents technologiques à part entière. D'autres
pays avec des compétences moins chères croissent à leur tour, pays de l'Est, Maghreb
ou pays asiatiques francophones comme le Vietnam. La France y a investi misant
sur une plus grande proximité géographique ou sur la langue française. Néanmoins,
en additionnant les coûts, on s’aperçoit que la France dispose d’énormes atouts
en interne et en externe. La croissance des pays émergeants, aux rangs desquels
le Nigéria, le Pakistan ou le Bengladesh, montre un tassement des écarts de prix
et une nouvelle compétitivité. Aux Etats-Unis où l’adaptation au marché est la
plus rapide, on assiste à un mouvement de ré-internalisation. Si la France décidait
de rationaliser ses coûts, de motiver les personnes les plus entreprenantes
pour éviter des départs à l’étranger et attirer les meilleurs, elle pourrait se
retrouver de nouveau parmi les premiers du peloton grâce à la qualité des
formations, des personnes, des entreprises et des infrastructures.
L'ensemble
des mutations observées tant au niveau des matériels que des logiciels sont
celles d'une industrialisation (CMMI, ITIL, PMP etc.) et d'une diffusion de
masse (microinformatique, logiciels grands publics, progiciels, Internet etc.).
Or, toute industrialisation
s'accompagne d'abord par une taylorisation, puis une diminution des emplois «
primaires » suivis par la création d'autres types d'emplois. Le marché du
recrutement s’est également industrialisé, avec le risque d'une certaine
déshumanisation, un préjudice pour les individus, associé à un manque
qualitatif pour les entreprises (erreur de sélection, mauvaise image de
l'entreprise, motivation médiocre des personnes, etc.). Le gain de temps
apporté par la technologie doit permettre l'opportunité de développer l'humain,
de faire de la veille et non de devenir une simple mécanisation, qui au
surcroît entraîne la perte des meilleurs profils.
On
pourrait s’attendre à ce que l’informatique de plus en plus conviviale, soit
aussi plus facile à appréhender. Or les mises en place d’ERP demeurent
délicates, tandis que l'architecture, l'intégration et l'exploitation demandent
des compétences plus pointues. Donc sous une apparente facilité, les
environnements informatiques se sont complexifiés (« best of breed »,
architectures propriétaires ou ouvertes, architectures de services, réseaux,
bureautique, Web, intranet, EAI etc.).
Les socles applicatifs en matière de Web sont nombreux, les normes évoluent
parallèlement et rapprochent des socles voisins, mais de nouveaux socles sont
lancés, des mises à jour des normes voient à leur tour le jour…Pendant ce temps
les directions utilisatrices s’impliquent, se fondent sur l’exemple de produits
d’utilisation aisée et ne comprennent plus les lourdeurs de leur informatique
d’entreprise, supportant le poids de son évolution et de nombreux paramètres,
aux antipodes de leur Smartphone ou Tablette préférés.
Quelles
sont les conséquences de ces changements sur le marché de l'emploi du secteur
informatique ? Au plein cœur de la crise les métiers des Systèmes d’Information
n’avaient pas été totalement épargnés. Certains commentateurs s’étaient montrés
pessimistes sur le futur des professionnels des Systèmes d’Information. En
réalité, comme nous l’avions anticipé, ces métiers ont beaucoup mieux résistés que la plupart, puis ils sont
reparti depuis 2014, avec depuis 2015 une croissance estimée de l’ordre de 4%
qui devrait se poursuivre en 2017. Leur évolution est intimement liée à
la vie quotidienne, à la compétitivité des entreprises et au développement de
l’économie. Si le paysage de ces métiers est contrasté, c’est que les nouvelles
technologies entrainent l’obsolescence des plus anciennes. Le nombre de postes techniques
offerts par les sociétés utilisatrices diminue au bénéfice de sociétés externes
(sociétés de services, constructeurs, éditeurs, infogéreurs). Ces sociétés
prestataires recrutent également des managers, des commerciaux et des technico-commerciaux
de bon niveau. Les études techniques attirent moins les étudiants, notamment
féminins, les carrières d'expertise sont moins valorisées que dans les pays
anglo-saxons, pourtant ces compétences sont recherchées. Les clients finaux
recherchent des profils plus complets et l’exigence est plus forte sur les
informaticiens. Ils recherchent l’expertise informatique de tel ou tel domaine,
la capacité à prendre en main des plannings, à piloter des projets, à comprendre
les métiers et à proposer des solutions innovantes.
Les
carrières des Systèmes d'Information continueront à offrir de nombreuses
opportunités, mais ceux qui les empruntent doivent, plus que jamais bien
analyser leurs objectifs pour choisir entre toutes les filières. Un niveau Bac
+ 4 ou 5 est à viser (quitte à reprendre des études) et l'équilibre personnel,
l'adaptabilité et l'ouverture d'esprit sont la meilleure garantie
d’employabilité. Les domaines les plus porteurs aujourd’hui pour débuter sont
les progiciels, l’Internet et le e-commerce, les architectures, les
applications mobiles, les infrastructures, les réseaux et la sécurité. Les
objets connectés promettent des opportunités dans de nombreux secteurs
d’applications. L’Internet permet des carrières au sein de DSI auxquelles
s’ajoutent les Directions
Commerciales/Marketing tentées par les
outils liés au e-business, d’autres débouchés sont ensuite possibles. Certaines
sociétés démarrant le e-commerce ont créé des équipes techniques autonomes au
sein de ces directions métiers, ce qui n’est pas sans poser d’autres problèmes notamment
de cohérence. Ceux disposant de connaissances en informatique et en
mathématiques appliquées de haut niveau, trouveront des opportunités dans les
métiers du Big Data et de l’analyse des données.
La
solidité de la formation initiale, l’intelligence, la volonté de réussite, font
partie des ingrédients de succès. Les personnes ayant la capacité à parler
plusieurs langues et à intégrer d'autres cultures ont de belles carrières devant
elles. De nombreux postes de coordination internationale existent, qu’il
s’agisse de suivi de développements, de pilotage d’infogérance, de tierce
maintenance, de gestion de projet, de qualité de services, etc. La maîtrise de
l’anglais et l’aptitude à communiquer font la différence. La maturité actuelle
du e-commerce est observable
dans le multicanal ou dans le cross-canal, qui demandent d’avoir une vision d’une
relation client unifiée et personnalisé. Que dire de l’omni-canal demandant
d’intégrer de façon instantanée et simultanée l’ensemble des flux clients sur
les tous ses canaux. Ce
travail sur l’information partagée par l’entreprise doit être celui d’une DSI
moderne. De nouveaux métiers passionnants ont vu le jour pour des
profils expérimentés ouverts d’esprit : métiers et SI (architectes
d’entreprise), applicatifs et organisation (architectes applicatifs) ou
systèmes (architectes techniques).
Les
technologies de l'information et de la communication constituent pour les
sociétés un formidable moyen de pilotage, une partie de leurs mémoires, de leur
mental artificiel, de leur courroie de transmission. Pour autant les
entreprises ne doivent pas perdre de vue l'importance de leurs moyens humains. La
gestion de ce capital (recrutement, évaluation, progression, coaching,
formation...) est un point clef de la compétitivité et de l’équilibre des
individus. Or les sites d'emplois, certaines sociétés de prestations, les
réseaux sociaux, le web, banalisent la relation. Le métier du chasseur de têtes
d'excellence dans les SI a dû lui-même évoluer, car ses missions requièrent des
connaissances multiples : informatiques, RH, stratégiques, métiers (Commercial,
Logistique, Finance, Marketing, Technique...) et l’utilisation de nouveaux
canaux de recrutement. Il faut savoir trouver rapidement et évaluer les
candidats au-delà de la fourniture de profils ciblés à première vue, en
intégrant une vision d’ensemble de la DSI et au-delà, des valeurs du client.
Le
cabinet de Conseil en Recrutement Informatique d’excellence doit intégrer dans
la recherche et dans la sélection des candidats la compréhension de métiers
généralement mal connus et de ce fait insuffisamment gérés par les entreprises,
afin de jouer pleinement son rôle de partenaire. Recruter des DOSI, des
Directeurs d’Etudes, Digitaux, d’Infrastructures, des experts, ou toute personne
motrice du changement de l’entreprise au sein de la DSI, est passionnant. Ces salariés
sont alignés sur la stratégie de l’entreprise, sur sa rentabilité et l’enrichissent
quand ils atteignent leur meilleur niveau. Ainsi, EuroWin Consulting Group est associé
à l’amélioration continue des métiers, à l’attractivité, aux avantages
compétitifs et en exploitant les capacités des individus à construire, contribue
à développer simultanément les carrières professionnelles, voire la
responsabilité sociétale.